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8 juin 2010

Le cri du curé de Gaza

Source : http://www.sudouest.fr//2010/06/08/le-cri-du-cure-de-gaza-111327-4803.php

De 1995 à 2009, le père Musallam a veillé sur les chrétiens de l'enclave. De passage en France, il lance un appel aux Israéliens

Image1

Manuel Musallam. PHOTO PQR

« Sud Ouest ». Pourquoi êtes-vous venu en France ?
Père Manuel Musallam. Pour remercier Jean-Claude Petit et les éditions de l'Aube qui ont fait un livre (1) qui m'est cher. Ma vie a été mise entre les mains d'hommes de bonne volonté qui ont vu combien la souffrance de mon peuple est profonde. Je voulais aussi remercier les Français : durant la guerre Plomb durci, beaucoup d'évêques, de croyants et non-croyants, chrétiens et musulmans, m'ont contacté quand j'étais à Gaza dans les camps les plus difficiles.

Comment avez-vous réagi à l'attaque de la flottille vers Gaza ?
C'est un nouveau crime et ces commandos israéliens sont des pirates. Les gens qu'ils ont attaqués n'apportaient pas seulement de la nourriture mais de l'espérance et de la joie. Ce peuple a besoin de voir des amis avec qui partager le pain, le sel car il est toujours devant la terreur. À Gaza, les gens sont pauvres, sous blocus. Les maisons détruites, beaucoup n'arrivent pas à les reconstruire ; ils passent la deuxième année sans carreaux aux vitres. Devenus mendiants, ils vivent sous la tente, désespérés, leurs sentiments souillés, privés de fierté nationale, négligés car les organisations humanitaires n'arrivent pas toujours jusqu'à chez eux. Si des magasins sont approvisionnés, la plupart des gens n'ont pas de travail et donc pas de quoi se procurer le nécessaire pour leurs enfants, dont beaucoup sont malnutris.
Comment la petite communauté chrétienne est-elle perçue à Gaza ?
Nous ne sommes pas une petite communauté, nous sommes le peuple de Palestine et frères des musulmans. Nous n'avons jamais souffert à cause d'eux, nous vivons ensemble depuis quatorze siècles, ils nous protègent et nous n'avons pas besoin de la protection des autres chrétiens. Nous partageons le pain et la même souffrance depuis 1948. Tous humiliés, nous prions ensemble pour la fin de cette occupation, de ce blocus et demandons la protection du monde entier.
Qu'espérez-vous ?
Leaders palestiniens, nous avons mission de conduire notre peuple vers le bien-être. Ceux qui n'ont pas vu la souffrance des Palestiniens depuis tout ce temps et surtout depuis l'opération Plomb durci ne peuvent pas comprendre un accident comme celui-là. Le secrétaire général des Nations unies, le Conseil de sécurité, les Européens, les Américains doivent faire lever ce blocus. Car tout se tient : la colonisation, la guerre, les prisonniers, l'eau qui nous manque, le droit de retour qui nous est refusé.
Où est le chemin de la paix ?
Nous ne voulons plus mourir, même pour libérer la Palestine. Nous voulons vivre avec nos enfants pour voir l'espoir, la justice et la Palestine renaître. Les juifs israéliens ne doivent pas penser à mourir pour assurer leur sécurité, ils doivent vivre pour être amis, former avec les musulmans une famille, une entité commune.
Défendez-vous la cohabitation avec Israël ?
Oui, nous ne voulons pas détruire Israël mais vivre avec elle, coopérer et lui donner un sens d'existence et de vie. Pour cela, il faut en finir avec l'occupation de Jérusalem, avec cette façon qu'a Israël d'employer la force pour dominer les nations. Sa force est devenue sa faiblesse. Les Palestiniens ont gagné la guerre morale dans laquelle les Israéliens ont perdu leur sens de vérité et de démocratie devant le monde entier.
(1) « Curé à Gaza », de Manuel Musallam (entretiens avec Jean-Claude Petit), éd. de l'Aube, 200 p., 18 euros.

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